Quand on est victime d'une césarienne (victime car on choisit rarement de se faire ouvrir le ventre, se faire aspirer le liquide amniotique et voir son nouveau né s'envoler dans les bras de son papa au lieu de profiter de ces premiers moments magiques sur sa poitrine) il y a plein de choses que l'on rate: le premier câlin, le premier habillage, les premiers soins, etc... 5 jours à la maternité et seulement 2 jours complets avec mon bébé. J'ai passé les 3 premiers jours de Milo alitée, avec 16 agrafes sur le bas ventre, 2 perfusions greffées à mon bras gauche (très pratique pour allaiter), une sonde urinaire, une chemise de nuit en papier, à voir tout le personnel de la clinique se pencher sur mon chevet ! A commencer par la sage-femme pour changer mes perfusions, me prendre la tension et la température, mon gynécologue pour observer les suites de l'opération, le kinésithérapeute pour les exercices matinaux, la femme de ménage, la puéricultrice pour m'enlever mon bébé et mon mari pour la toilette et les soins, la sage-femme pour voir si tout va bien, si je ne souffre pas, pour vérifier les perfusions, reprendre ma tension et ma température, le pédiatre, l'ORL, puis un médecin pour les prises de sang, la sage-femme pour les perfusions, la tension, la température, puis la puéricultrice pour me prendre mon bébé pour la nuit (parce que la nuit, personne ne peut me le mettre dans les bras), etc... 3 jours de ce ballet, non-stop. Sans compter, l'excitation qui vous empêche de dormir, la fierté de montrer votre bébé à la famille de passage, les séances photos, les envois de texto et d'emails pour annoncer l'heureux événement... Pas le temps de se reposer, pas le temps de réaliser ce qui vous arrive, pas le temps de se poser les bonnes questions... Puis au bout de 3 jours, on vous enlève la sonde urinaire, et on vous dit "lève toi et marche !". Et là, oh surprise ! votre centre de gravité a changé, vous êtes penchée en avant, voûtée même, essoufflée dès les premiers pas et vous avez mal dans l'aine et au dos. Et vous suez comme une bête... Et on vous dit: "On vous attend à la nurserie avec Milo pour lui faire prendre le bain !". Il faut le déshabiller et là vous vous rendez compte que vous ne savez pas comment faire. Alors c'est à nouveau le papa qui fait tout et vous, vous vous sentez inutile, observatrice frustrée mais finalement rassurée de ne pas faire tout ça car vous êtes fatiguée, vannée, et totalement inefficace. Toute méthodologie vous échappe. Et quand vous avez un nouveau-né de 3 jours dont il faut prendre soin, il ne vous reste plus qu'à prendre des notes... Surtout parce qu'il vous reste 2 jours à la maternité et que tout le personnel de la clinique ne vous raccompagnera pas chez vous ! Faire couler son bain à une température de 37 degrés, le déshabiller. Si sa couche est pleine, le nettoyer vite mais garder la couche sous ses fesses au cas où il refasse un petit besoin. Commencer par le baigner en position de planche sur le dos, son bras gauche entre le pouce et le majeur de votre main gauche, le laver du plus propre au plus sale, à commencer par la tête, puis le mettre en position de brasse, son bras gauche entre votre pouce et majeur de votre main droite. Faire attention qu'il ne boive pas la tasse. Ne pas le laisser plus de 5 mins dans l'eau car elle refroidit. Le sortir, l'envelopper dans une serviette à capuche. Le sécher et bien insister dans les petits plis de sa peau. Lui passer de la crème Bepanthène sur les rougeurs des fesses, lui mettre une couche, puis un body sans le fermer en bas. Lui nettoyer le cordon ombilical avec une compresse et de la Biseptine. Lui mettre son pyjama. Puis faire la toilette des yeux avec du sérum physiologique (une compresse par oeil), du nez (mèches de coton imbibées de sérum physiologique), sécher ses oreilles avec un coton sec, lui nettoyer le visage à l'eau, lui brosser les cheveux. Et voilà ! Votre bébé est tout beau, tout propre ! Puis vient la sage-femme qui vérifie que vous allaitez convenablement et qui ne se rend pas compte que vous avez des crevasses car vous aviez mal positionné votre bébé dès la première tétée (quand on est shootée aux anti-inflammatoires on ne sent même plus son corps alors les crevasses, encore moins !) et au 4ème jour à la clinique, vous paniquez car au milieu de la nuit votre bébé régurgite du sang et vous pensez qu'il va mal, vous pleurez, vous appelez la sage-femme en pleine nuit qui vous dit "on verra ça avec le pédiatre au matin". Vous manquez de sommeil, terriblement... La panique s'installe car il ne reste plus qu'un seul jour et le Baby Blues frappe à la porte ! Et ça y est, on vous enlève vos agrafes, on vous prescrit un tas de truc, la psychologue passe vous voir, puis on passe à la caisse et il faut rentrer à la maison, avec le divin enfant, sans véritable pratique et avec zéro expérience... Et c'est le début de la grande aventure !