jeudi 23 février 2017

5 ans

Mon petit gars, aujourd'hui tu as 5 ans. Devrais-je dire mon Grand ? Est-on si grand à 5 ans ? Oui. Non. Un peu. Tu as largué ta tétine en juin dernier... ou plutôt nous l'avons oubliée et nous ne l'avons pas remplacée. C'était l'occasion rêvée de s'en débarrasser. Ça été dur pour toi. Mais tu as fini par être fier de cette séparation car tu savais que cette liberté était réservée aux plus grands, fier aussi de l'annoncer à tes copains de petite section. Tu es devenu "grand" très vite, tout en restant petit… D'une manière différente, mais tout aussi symbolique, tu ne prends plus ton petit déjeuner au biberon, tu le prends dans une tasse. Tu l'as décidé. Et cette décision t'aura fait encore bien plus grandir (mais boire moins de lait…). Pas facile de savoir quand il faut t'aider et quand il faut te laisser faire, à ton rythme. Tu nous parais si grand mais en même temps tu es encore si petit.

À 5 ans, tu sais te brosser les dents mais tu préfères qu'on le fasse pour toi. Tu sais te mettre en pyjama, mais tu n'arrives pas encore à te déshabiller complètement. Tu arrives à entrer sans aide dans la baignoire. Tu te savonnes seul, parfois. Tu manges comme un grand, quoique tu aimes bien te faire aider aussi… À la maternelle, tu es passé de la petite à la moyenne section. Tu as changé de maîtresse. Ce nouveau début a été difficile et tu as du t'adapter. Avec succès. Les copains n'étaient plus les mêmes non plus. Tu as dû créer des liens avec ceux de ta nouvelle classe. Ca chamboule mais tu t'en sors bien. Tu es très sociable. Aujourd'hui, tu sais compter jusqu'à 60. Tu connais ton alphabet par cœur et en chantant. Tu sais écrire ton prénom. Tu maîtrises deux langues. Et tu en apprends une troisième, gentiment. Tu me demandes ce que veulent dire ces mots anglais "just for you" en écoutant une chanson. Tu as de l'oreille ! Tu veux jouer de la trompette, depuis toujours, et tu en parles encore. Plus qu'une année et tu découvriras le solfège. À 5 ans tu penses déjà au CP. À vrai dire, tu n'arrêtes pas d'en parler. Tu dis vouloir te rendre tout seul à pied à la grande école. Et puis, tu philosophes déjà à ton âge: "Une coquillette c'est rikiki, comme les bébés. Ottavio c'est une coquillette. La pâte grand frère c'est le spaghetti. Moi je suis un spaghetti. Toi maman t'es une farfalla. Papa c'est la sauce." Tu veux devenir adulte tout de suite pour faire ce que tu veux. C'est ce que tu me dis, convaincu.

À ton âge tu as déjà vu la moitié des musées parisiens avec mamie. Tu sais que le Musée du Quai Branly est à côté de l'église russe. Tu reconnais l'architecture de Beaubourg à la télévision. La semaine prochaine, tu iras voir la collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton. Mais ton musée préféré est le Museum national d'histoire naturelle. La Galerie de paléontologie n'a plus de secret pour toi, ni la Galerie de l'évolution. Tu veux y aller tout le temps. Tu reconnais même le biologiste avec qui tu as parlé 2 mois auparavant dans les serres du Jardin des Plantes. Chez papi, tu apprends à semer les graines de gazon. Tu tonds la pelouse, tu grattes la mousse et tu aspires les feuilles mortes. Tu lèches les escargots aussi ! Au parc, tu aimes gratter la terre pour y dénicher des vers de terre ou des cloportes. À 5 ans, tu sais ce qu'est une anguille tubicole ou une Pénélope à front noir. Tu sais ce que veut dire urticant. Et ta définition de "Scientifique" est on ne peut plus brillante: "C'est un homme qui peut tout expliquer !". Tu es fasciné par la genèse des océans, la faune sous-marine, et les volcans. Tu as une mémoire d'éléphant et tu es rusé comme un renard. Tu te passionnes pour les dinosaures. Tu veux être paléontologue ! "Parce que j'ai essayé tous les autres métiers et que ça n'a pas marché !". Tu nous épates.

À 5 ans, tu écoutes les infos à la radio, l'air de rien. Tu nous demandes pourquoi des gens ont attaqué une Mosquée et tu en conclus, très déçu, que nous ne pourrons plus aller boire du thé à la menthe (t'inquiète, cette mosquée est au Québec, la nôtre est encore debout). À 5 ans, tu sais que François Hollande est le Président des français. Et tu dis aussi que "les riches sont les méchants". Pourtant, à la maison, on n'est pas très Mélenchon… À 5 ans, tu as déjà joué à la pêche aux canards avec Giulia, la fille de Nicolas Sarkozy pendant que je parlais à Carla Bruni au Jardin d'Acclimatation. En douce, nous espérons que pour tes 5 ans, nous n'aurons pas Marine Le Pen comme Présidente…  À 5 ans, tu as vu le journal télévisé par hasard. Tu m'as dit que tu avais vu un méchant pirate qui avait tué des gens. Mais que tu n'avais pas peur car c'était à la télévision (dans quelques années, il faudra qu'on explique qu'on ne voit pas que de la fiction à la télévision…).

À 5 ans, tu veux un chat (et que fait-on du chat pendant les vacances ?). Tu le vois déjà passer ses vacances chez Tata Lou ou chez Tonton Vlad ou chez la Zia Elena ; bref… tu trouves déjà des solutions là où nous voyons des problèmes. Tu veux aussi un poulpe dans un aquarium (tu nous mets toujours au défi de trouver l'introuvable…) Mais tes nonni t'ont offert 2 poissons rouges, Spiderman et Batman, et ça t'as mis en joie ! Tu es raisonnable finalement. À 5 ans, tu as de la jugeote. Tu nous demandes si le Père Noël en Calabre sera en maillot de bain. Logique ! Tu associes l'Italie avec la plage. La Bretagne aussi. Tu voulais te baigner à la Toussaint... À 5 ans, tu n'as pas peur de l'eau, même froide. Tu plonges dedans comme tu plongerais dans le cornet d'une crème glacée.

Tu n'aimes pas les chapkas car ça te couvre les oreilles et tu n'entends plus aussi bien. Ça t'agace. Tu veux être là, présent à tout instant. Pourtant tu es rêveur. Tu créés des mondes fantastiques, en les dessinant, tu t'inventes des histoires où les sorcières sont gentilles et sauvent les mamans, où les extra-terrestres aident les enfants pauvres. Tu nous fais des blagues. Tu glisses en douce des araignées en plastique dans notre lit et des salamandres dans les tiroirs de la commode. Mais tu nous préviens, quand même ! Tu es attentionné.

À 5 ans, tu dis que tu m'offriras toujours des fleurs, que je suis belle et que tu aimerais bien que je dorme à côté de toi. Tu te bats avec Œdipe mais tu ne le sais pas. Tu comprendras plus tard… C'est dur pour toi. À 5 ans tu n'aimes plus Athénaïs. Maintenant tu es amoureux de Violette. Tu ne veux plus qu'un seul enfant mais tu en veux trois. Deux garçons et une fille. À 5 ans, tu dis à tes copains que je suis super forte en "couturiage" (j'ai raccommodé la jambe de ton doudou). Ça me touche que tu sois si fier de moi ! Tu es aussi très reconnaissant surtout quand je te coupe les ongles ("tu es la plus meilleure des mamans"). Et quand papa est en voyage, tu demandes toujours quand il sera de retour "parce que moi je l'adore, papa". Et nous… on t'aime jusqu'à la lune !

À 5 ans, tu as un petit frère qui prend beaucoup de place, pourtant il est tout petit. En fait, on te l'a expliqué souvent: c'est parce que il est tout petit qu'il prend beaucoup de place. Un petit frère que tu aimes et détestes à la fois. Tu l'embrasses, tu le tortures un peu aussi. Tu veux le mettre en prison. Lui te regarde comme son héros. Tu aimes le faire rire et lui rit de tout ce que tu fais. Tu le bouscules beaucoup. Tu te souviens du jour de sa naissance. Il neigeait ce jour-là, tu me l'as dit, attendrit.

À 5 ans tu fais face à beaucoup de bouleversements dans ta vie d'enfant. Tu deviens grand mais tu restes encore petit. Tu fais des cauchemars. Tu as peur du noir. Ça demande beaucoup de courage d'avoir ton âge. Et je t'admire car malgré tout ce déluge d'émotions dont tu es assailli, tu restes un petit garçon formidable, curieux de la vie, pipelette, plein d'énergie, blagueur, rêveur et aimant. Je te souhaite un bel anniversaire avec tes petits copains de maternelle, mon Minou. Amusez-vous comme des petits fous !

Maman


PS: à l'heure où j'écris tu viens de passer 2 semaines chez ton papi en vacances à Bénodet, sans nous qui travaillions. Tu as même pris un train retour, tout seul, comme un grand, avec les animateurs de la SNCF. Tu étais très inquiet à l'idée de ne trouver personne dans le train. Vous étiez 48 enfants, dans le même wagon !!! Ton voyage s'est très bien passé, les animateurs de la SNCF m'ont même dit que tu avais mis une sacrée ambiance ! Je suis fière de toi, mon Grand !